Panier 0
Panier 0

 

Maëlle 03 06 25-3.jpg
 
 
 
 

1890

 
 

Maëlle, en bigoudène de lumière.

Quand Maëlle a découvert ce costume au musée départemental breton de Quimper, elle a su. Éblouie par la richesse des broderies, la brillance des galons métalliques, la profondeur des matières… c’était une évidence : ce costume serait le sien. Quelques mois plus tard, il le deviendrait — après huit mois de travail acharné, de recherches passionnées et de gestes minutieux. Aujourd’hui, elle le porte avec une fierté mêlée d’émotion, comme un prolongement de son histoire personnelle.



 

Ce costume du pays bigouden, rattaché à la fin du XIXe siècle, en impose. Trois jupes en drap de laine, superposées, pèsent près de huit kilos. Elles dévoilent, à chaque mouvement, des broderies de fils de soie et de galons métalliques dont la finesse dit la richesse. Le gilet, au plastron brodé de motifs emblématiques — lignes de vie, plumes de paon — brille de sequins, tandis que le manchou, petit boléro croisé, laisse apparaître en transparence les broderies du dessous. Sur les manches, trois revers, travaillés jusqu’au dos, ajoutent à la complexité du vêtement. Des manchettes brodées de perles de verre et de sequins argentés, un tablier en soie bleue, une cocarde côté cœur : tout ici est détail, tout est mémoire.

 

La coiffe, haute d’à peine dix centimètres, complète l’ensemble. Maëlle la monte seule désormais, fière d’avoir appris les gestes anciens. Tout commence par le bonnet brodé, puis le fameux boulouten, un bandeau de velours noir qui plaque la chevelure. Vient ensuite l’arrière, puis le devant de la coiffe, attachés avec patience et précision, dans un rituel presque sacré.

 

Mais ce costume n’est pas qu’un vêtement : c’est une histoire, un rêve d’enfant devenu réalité. Petite, Maëlle observait en silence les costumes soigneusement rangés dans l’armoire de sa grand-mère. Chaque été, elle vibrait en spectatrice aux défilés du Festival de Cornouaille. Ce n’est qu’à 32 ans qu’elle ose franchir le pas : elle rejoint le cercle de Pléon Pavenn, apprend à danser, à coiffer, à comprendre l’immensité du patrimoine vestimentaire bigouden.

 

Originaire de Quimper, elle vit depuis 25 ans à Plonéour-Lanvern, au cœur du pays bigouden. Infirmière de profession, elle consacre son temps libre à la culture bretonne, qu’elle partage avec ses filles, puis son compagnon. “Porter le costume, c’est aussi transmettre”, dit-elle. Et elle le fait avec ferveur.

 

Danseuse passionnée, elle aime autant les danses énergiques — comme la gavotte bigoudène ou le kost ar c’hoat — que les plus tendres, telle la mazurka. Elle ne parle pas breton, ou à peine, mais la langue de ses grands-parents continue de l’habiter.

Maëlle, c’est l’histoire d’un rêve cousu main, devenu vivant. Un hommage vibrant à la beauté du costume, mais surtout, à l’élan intérieur qui pousse à transmettre ce que l’on aime profondément.

Novembre 2024

 
 

Bigouden

 
 
 
 
 
 
noir.jpg