1930
Mathilde, la passion brodée au fil du Léon.
Originaire de Plouarzel et aujourd’hui installée à Brest, Mathilde cultive depuis l’enfance un attachement profond à la culture bretonne. C’est une amie qui l’a initiée à la danse, mais l’élan venait de plus loin : dans sa famille, la transmission des traditions est une évidence. Une photo ancienne, minuscule, a tout déclenché — celle du mariage de son arrière-grand-mère à Plougonvelin en 1930. Ce qui l’a frappée : un tablier perlé, rare dans le Léon, qui l’a fascinée et poussée à reconstituer fidèlement cette tenue de mariée.
Sans disposer des pièces d’origine, elle se lance avec sa marraine dans une reconstitution minutieuse, guidée par les souvenirs des sœurs de son grand-père et épaulée par le brodeur David Le Gac. Ni l’une ni l’autre n’avait jamais brodé, mais ensemble, elles viennent à bout du tablier en satin duchesse crème, orné de perles, après 230 heures de travail. Le costume complet comprend un chemisier noir en satin cousu par sa marraine, une jupe noire, un châle en cachemire et une coiffe traditionnelle du Léon, la choukenn, aussi appelée penn paket, brodée avec soin. Certaines pièces ont été confectionnées, d’autres prêtées par son cercle, mais l’ensemble porte une âme : celle d’une mémoire familiale rendue visible.
Danseuse depuis l’âge de 5 ans, Mathilde s’investit pleinement dans le cercle Beg An Douar de Saint-Renan, dont elle est aujourd’hui secrétaire et co-chorégraphe. Elle a aussi dansé avec le cercle Boked er Lann de Larmor-Plage. Élue reine du festival du Léon en 2022, elle voit dans cette reconnaissance une mission : celle de mettre en lumière les traditions de son terroir.
Au-delà de la scène, elle nourrit une réflexion approfondie sur la danse bretonne, ayant mené une étude sur son évolution depuis 1890. Si elle ne chante ni ne joue de musique, elle est engagée dans l’association Rouanez comme trésorière, et transmet par la danse un amour sincère de la culture bretonne. Sa danse préférée ? La suite de Loudéac, pour son énergie et son ancrage. Le tout porté par l’ambiance chaleureuse de son cercle, où se croisent les âges et les histoires, unis par une même passion.