1880
Paola, entre deux terres, deux héritages
À la croisée de plusieurs mondes, Paola incarne une Bretagne plurielle, ancrée dans la terre et les traditions, mais résolument tournée vers l’avenir. Née et élevée à Rennes, elle porte pourtant en elle les racines profondes du pays de Pontivy et du pays Pourlet, où elle puise son attachement au terroir, à la langue et à la mémoire familiale. Du côté paternel, c’est la douceur angevine de Segré qui s’invite dans son histoire. Mais c’est bien en Bretagne, entre les murs de pierre d’une maison de Guern et les sous-bois de Malguénac, qu’elle a grandi au rythme des souvenirs, des rires et des mots murmurés en breton.
Enfant, Paola suivait sa grand-mère sur les chemins creux, les bras chargés de pommes ou de châtaignes. Ces balades champêtres étaient autant d’occasions d’écouter récits et légendes, tout en laissant l’imaginaire s’ancrer dans les pierres moussues et les arbres centenaires. La maison de la "petite mémé", son arrière-arrière-grand-mère, se dresse encore dans le paysage familial comme un repère affectif. Petite bâtisse de pierre, cheminée massive et pommiers à foison... Paola y a vécu ses plus tendres souvenirs, bercée par l'accordéon de son grand-père et les chansons d’antan.
Si elle habite toujours Rennes, son cœur, lui, revient souvent sur ces terres du centre Bretagne. Elle rêve même d’y poser à nouveau ses valises, cette fois pour de bon. Aujourd’hui chocolatière, elle aspire à un retour à la nature plus proche de ses valeurs. Diplômée en élevage équin, elle nourrit un projet de vie tourné vers les chevaux et le tourisme équestre, comme un nouveau lien entre passion et territoire.
C’est également par la danse que Paola affirme son attachement à ses racines. Initiée par ses grands-parents dans les festoù-noz et festoù-deiz, elle rejoint les Korollerien Montroulez à 19 ans, puis le cercle des Perrières de Cesson-Sévigné. Ce parcours l’amène à découvrir une autre facette de son identité : celle du pays de Rennes, dont elle porte avec fierté le costume traditionnel.
Reconstitution fidèle d’une tenue d’apparat féminine des années 1870–1880, ce costume témoigne de l’élégance discrète et raffinée de la région. Jupons superposés, caraco cintré, faux-cul, jupe en laine verte et somptueux châle de cachemire composent une silhouette en sablier typique de l’époque. Le tout est rehaussé d’un tablier de soie, d’un sautoir en argent et de délicates boucles d’oreilles en or. La coiffe, quant à elle, est une catiole de grande occasion, brodée à la main en tulle blanc, fixée sur une coiffure catogan. Elle incarne à elle seule toute la noblesse du costume rennais, dont elle est l’ancêtre spirituelle.
Entre héritage du pays Pourlet et Pontivien, et raffinement rennais, Paola incarne une Bretagne vivante, transmise avec tendresse, portée avec fierté.
