Plongez dans l’actualité, les infos, de l’époque du personnage : 1875.
Naïg, gardienne des flammes du Poher.
Originaire de Spézet et infirmière à Quimper, Naïg incarne une nouvelle génération de passionnés de culture bretonne. Élue première demoiselle lors de l’élection de la Reine de Cornouaille, elle a séduit le jury avec son projet Deuit da zansal (« Entrez dans la danse »). Cette proposition met en lumière l’évolution de la danse à Spézet, en montrant comment une pratique familiale a traversé les générations tout en restant vivante et moderne.
Son histoire est intimement liée à celle de sa famille : mère, père, tantes et proches ont tous joué un rôle dans les cercles celtiques ou la musique. Son père, batteur au sein d’un bagad et d’un groupe musical, l’a initiée très tôt à l’importance du rythme et du partage. Depuis l’âge de cinq ans, Naïg danse au cercle Brug ar Menez, avec une prédilection pour la gavotte du Poher, danse identitaire du pays de Carhaix.
La jeune femme ne se limite pas à la danse. Elle joue du piano et du ukulélé, toujours à l’oreille, et nourrit désormais un intérêt pour le chant breton. Même si elle ne parle pas couramment la langue, elle en connaît les bases et souhaite en approfondir la maîtrise.
Le costume occupe une place centrale dans son parcours. À seulement trois ans, elle enfilait déjà ses premières tenues traditionnelles. Pour l’élection de la Reine de Cornouaille, elle a choisi un costume de cérémonie du Poher daté de 1875, reconstitué à partir de sources historiques. La jupe et la camisole en drap de laine brillant, ornées de galons de velours et de perles de jais, évoquent la richesse et la dignité des grandes occasions. Le tablier en brocart de soie doré aux reflets bleutés illumine la silhouette, tandis que dentelles fines et rubans inspirés d’archives religieuses parachèvent l’ensemble.
La pièce maîtresse reste la cornette de cérémonie, ou kornetenn. Rarement portée au XIXe siècle, elle coiffait les jeunes filles de 12 ans jusqu’au mariage. Sa reconstitution a nécessité de longues recherches et un travail méticuleux d’amidonnage et d’assemblage, auquel Naïg a directement participé. En revêtant ce costume, elle ne fait pas que représenter un passé : elle en propose une lecture contemporaine et vivante.
« La tradition n’est pas le culte des cendres, mais la transmission du feu », disait Mahler. À Spézet, au sein du cercle Brug ar Menez, Naïg porte ce feu avec conviction, unissant technique, transmission et émotion.
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