Plongez dans l’actualité, les infos, de l’époque du costume porté : 1870
La Gabelle : Une histoire salée !
Benoît, le sel de la mémoire.
À Guérande, là où la mer vient caresser les marais salants, Benoît a trouvé son équilibre entre héritage culturel et métier de passion. Dès l’enfance, il se laisse séduire par les sonorités puissantes de la bombarde. L’adolescence l’éloigne un temps de ces rythmes, mais ses années d’études à Nantes rallument la flamme : la culture bretonne devient alors un fil conducteur, une évidence.
De retour dans sa ville natale, Benoît pousse la porte du cercle celtique local. Il y découvre la danse traditionnelle, une pratique qui ne tardera pas à s’imposer comme un pilier de son quotidien. À partir de 2015, il s’engage auprès des cercles de Guérande et de La Turballe, participant à des festivals et compétitions où la danse devient autant un art qu’un acte de transmission.
Parmi ses engagements, le costume occupe une place centrale. Fasciné par le vêtement traditionnel du pays paludier – reflet des marais salants et de leurs habitants – il choisit de porter des pièces d’époque, datées de 1870 à 1920. Sa morphologie, proche de celle des hommes du XIXe siècle, lui permet d’endosser ces habits anciens avec une authenticité rare. Mais porter un tel costume, c’est plus que revêtir un vêtement : c’est raconter une histoire. La position du chapeau, le port de la cape, la coupe d’une veste, tout est symbole, tout dit quelque chose de l’homme qui se tient devant vous. Célibataire, marié, veuf : chaque détail est une carte d’identité silencieuse.
Préserver cette authenticité n’est pas sans défi. Les bas en laine tricotés à la main, par exemple, laissent souvent place à des modèles industriels, plus pratiques. Mais Benoît, avec ses compagnons de cercle, veille à respecter au mieux les codes et les gestes d’autrefois, convaincu que la fidélité à ces traditions est une façon de rendre hommage aux générations passées.
Pourtant, un autre visage de Benoît se dessine, intimement lié à cette terre blanche et saline. À 17 ans, il découvre le métier de paludier en travaillant comme saisonnier dans les marais salants. Cette expérience le marque profondément. Après un parcours en géologie et géophysique, il choisit d’y revenir. En 2019, il s’installe officiellement comme paludier, renouant avec une activité séculaire et choisissant une vie en accord avec ses valeurs.
Danseur, musicien, porteur de costume et homme de sel, Benoît incarne une Bretagne entière, enracinée dans ses traditions et ouverte sur l’avenir. Dans ses pas de danse comme dans ses gestes de paludier, c’est le même message qui se lit : la transmission d’un patrimoine vivant, fragile et précieux.
Mai 2024
Le Cercle Strollad an Tour-Iliz